RT24

VIIIe Congrès de l’Association Française de Sociologie (AFS)

 

Le VIIIe Congrès de l’Association Française de Sociologie (AFS)

 

se tiendra du mardi 27 août au vendredi 30 août 2019

 

à Aix-Marseille - Faculté des Arts, Lettres et Sciences humaines.

 

 

Ce VIIIè Congrès s’organisera autour du thème : « Classer, déclasser, reclasser ». Voir l’argumentaire sur le site de l’AFS. Le Réseau Thématique 24 de l’AFS « Genre, Classe, Race. Rapports sociaux et construction de l’altérité » lance son appel à communication :

 

 

Le RT24 se réjouit du thème « Classer, déclasser, reclasser » qui interroge différentes dimensions de la production de catégories et questionne les ordres sociaux résultant de processus de différenciation et de hiérarchisation complexes et imbriqués les uns aux les autres.

 

Notre appel s’appuie aussi sur les séminaires internes qui ont animé la vie du réseau depuis 2009 et au cours desquels nous avons réfléchi aux concepts, à la méthodologie et à l’épistémologie de l’articulation des rapports sociaux de sexe, de classe, de race.

 

 

Les propositions de communication devront s’inscrire dans une perspective qui tienne compte de la co-formation des rapports sociaux dans la production et la déconstruction des catégories. Si nous accueillerons toute proposition susceptible de répondre à l’appel de l’AFS, nous souhaitons plus particulièrement développer la réflexion commune autour des questions suivantes : Comment classer les activités de travail et rendre compte de l’évolution des formes de la division du travail ? Comment la sociologie des rapports sociaux se sert-elle des catégories ? Dans quelle mesure la production catégorielle fait-elle l’objet d’une inflation sémantique variable selon les rapports sociaux ? Comment les catégories sont-elles mobilisées dans une visée pratique et politique ? Comment le champ universitaire contribue-t-il à produire des classements et dans quelle mesure est-il lui-même (dé)structuré par des enjeux de classement ?

 

 

Pour ce faire, nous distinguons 5 axes directeurs. Quel que soit l’axe privilégié, nous attendons que les propositions de communication – de 5000 signes maximum, espaces et bibliographie compris – présentent les dispositifs méthodologiques mobilisés. Chaque proposition sera déposée sur le site de l’AFS, en indiquant le ou les axes au(x)quel(s) la proposition se rattache, avant le 15 février (vous recevrez un accusé de réception via l’adresse du RT – si problème nous contacter à cette adresse rt24.afs@gmail.com). La procédure de sélection des propositions sera anonymisée et une réponse sera apportée à chacun-e courant mars.

 

 

Axe 1 : Classer à partir du travail

 

 

Analyser le travail et sa division permet de distinguer des catégories. Les classes, y compris de sexe et de race, se construisent à l’épreuve du travail. L’approche féministe a permis d’en élargir la définition aux activités et pratiques domestiques, procréatives, militantes… Mais qu’est-ce le travail ? Où commence-t-il, où s’arrête-t-il ? Plus largement, l’enjeu de ces questions est d’interroger la base matérielle et idéelle de la production des catégories, qu’elles soient de classe, de sexe ou de race.

 

 

De plus, classer les activités de travail permet de rendre visible la division du travail en tant qu’enjeu central des rapports sociaux, comme les féminismes matérialistes l’ont fait au prisme des concepts de mode de production domestique, de sexage ou de division sexuelle du travail. Quelle évolution de la division sociale, sexuelle et raciale du travail observe-t-on, y compris au niveau international ? Quels classements cette division crée-t-elle et permet-elle d’objectiver ? Dans quelle mesure les pratiques de résistance alimentent-elles la division du travail ?

 

 

Dans cet axe, on cherchera donc à comprendre ce qu’est le travail, les catégories que sa division fait émerger et la contestation qu’elle produit.

 

 

Axe 2 : Rapports sociaux et catégories : discussions méthodologiques

 

 

Le travail sociologique de classement n’est pas neutre et invite à différentes réflexions méthodologiques sur nos pratiques professionnelles. D’abord, selon les rapports sociaux en jeu, les sociologues ne traitent pas les classements de la même manière. Comment, selon les catégories, les sociologues produisent, essentialisent, naturalisent, biologisent et/ou déconstruisent leur mise en ordre du terrain ? Dans quelle mesure les catégories dites savantes prennent-elles – et doivent-elles – prendre le pas sur les catégories dites ordinaires ? Ensuite, le point de vue situé et la réflexivité restent deux chantiers fondamentaux au moment d’objectiver le travail sociologique, en particulier l’effet-enquêteur-e sur la production de catégories. Qui classe ? Comment, sur un terrain donné, le travail de classement est-il concrètement organisé ? Avec quels outils (observations, entretiens, questionnaires, etc.) et avec quelles limites ou impasses ? La nomenclature des PCS constitue-t-elle un exemple à suivre pour classer et ordonner les catégories de sexe et de race ? Enfin, nous espérons aussi des propositions qui interrogent les modes de construction sociologique des catégories : par analogie, par différenciation et/ou par comparaison ? Procède-t-on et faut-il procéder en séparant les différents rapports sociaux ? Des propositions pour penser l’âge et le handicap comme rapports sociaux sont les bienvenues.

 

 

Dans cet axe, nous chercherons donc à comprendre comment les sociologues des rapports sociaux se saisissent des catégories et les (dé)construisent.

 

 

Axe 3 : Catégoriser (pour) qui et (pour) quoi ?

 

 

La production et l'usage des catégories sociales et sociologiques sont révélateurs des rapports sociaux. Les catégories sociales doivent être pensées comme des faits sociaux, comme une partie intégrante de la réalité sociale dont elles rendent compte et qu’elles contribuent à façonner. En tant que dynamique de différenciation et de hiérarchisation sociales, l'activité de catégorisation intervient dans les registres quotidiens, institutionnels, académiques… Qui crée et contribue à institutionnaliser des catégories de classement et des critères d'identification utilisées dans les recensements, les grandes enquêtes publiques, les administrations, les discours publics, médiatiques et politiques ? Quelles finalités sous-tend ce travail d’élaboration de catégories, qu’elles soient routinières, administratives, savantes ? En quoi leur visée – à la fois descriptive et explicative, de mise en forme du social, d’orientation et de justification des pratiques – organise-t-elle les relations sociales et oriente-t-elle l’action politique mais aussi scientifique ? Quelles représentations du monde social – légitimes ou non – les catégories proposent-elles ? Enfin, nous attendons des propositions retraçant la sociohistoire de catégories administratives et/ou statistiques, dans des contextes géographiques et nationaux diversifiés.

 

 

Dans cet axe, il s’agira donc d’interroger la genèse et les effets sociaux de la production de catégories, en particulier la structuration et la légitimation d’un ordre social sexiste, raciste, classiste.

 

 

Axe 4 : Dynamiques et « dynamite » des catégories

 

 

On assiste aujourd’hui, pour certains rapports sociaux, à une inflation de catégories nouvelles (par exemple, celles de « mijeurs », « dublinés » dans le champ des politiques migratoires et du racisme institutionnel), pour d’autres, à une multiplication de catégories visant la remise en cause des catégories binaires (genderfluid, non binaire, queer, cis, trans dans le domaine des rapports sociaux de sexe), quand pour d’autres encore, est proclamée la tombée en désuétude des catégories classiques (le prolétariat par exemple). On s’interrogera, pour l’une ou l’autre de ces dynamiques et de ces rapports sociaux, sur les causes de ces tendances : volonté d’appuyer des politiques publiques, des législations (restrictives, répressives, réparatrices) ? Réorganisation des rapports de force et des alliances dans les mouvements sociaux ? Transformation de la réalité matérielle et idéelle ? Stratégie pour faire disparaître des catégories en les taisant, redécoupant ou rebaptisant ? L’examen des causes ne fera pas l’impasse sur le qui et le comment : qui réorganise les catégories, les reclasse ou en propose de nouvelles. Des acteurs individuels, collectifs, institutionnels ? Des entrepreneur-e-s politiques ? Des acteurs internes aux catégories ou extérieurs à elles ? Dans quelle position au sein de leur champ et sous-champ) ?

 

 

Dans une perspective d’imbrication des rapports sociaux ou d’intersectionnalité, on pourra aussi analyser si certaines classes ou catégories éclatent et disparaissent en tant que telles, ou bien se maintiennent mais comportent des fractions. Et ces dernières obéissent-elles à des logiques de hiérarchie ou de multiplicité infinie ? Enfin, on interrogera les classements intra-minoritaires et on se demandera s’ils ont leur équivalent dans les groupes majoritaires.

 

 

Dans cet axe, il s’agira donc de se confronter aux dynamiques protéiformes et imbriquées des catégories et de saisir les logiques de celles et ceux qui préconiseraient plutôt le recours à la dynamite pour les abolir.

 

 

Axe 5 : Classer et être classé-e dans le champ universitaire

 

 

Nous proposons d’interroger les processus de reproduction sociale au sein du champ universitaire et plus spécifiquement la façon dont il contribue à produire des classements dans lesquels il est lui-même (dé)structuré par des enjeux de classement, tant du côté des étudiant-e-s que des personnels.

Qui accède aujourd’hui à l’Université, avec quel statut, et avec quels effets sur la division du travail ? Quels sont les effets de classe, de sexe et de race de la sélection à l’Université avec Parcoursup ? Le numérique peut-il participer aux changements de ces pratiques ? Comment construire des pédagogies critiques, notamment féministes et antiracistes, de l’école à l’université ? Dans un contexte de mise en concurrence exacerbée et de précarisation rampante, comment changer les logiques de recrutements et de concours pour favoriser la diversité des profils en sociologie ? Comment refuser le travail gratuit, notamment des non titulaires et personnels administratifs ? Que faire face aux violences non seulement symboliques mais aussi sexuelles qui traversent l'Université ? La libération de la parole avec Metoo et Balancetonporc a-t-elle eu des effets sur le champ universitaire et, le cas échéant, lesquels ?

 

 

Par ailleurs, les sciences sociales et la sociologie sont elles-mêmes classées, contraintes et contrôlées. Les chercheur-e-s sont-ielles égales face aux enjeux actuels de la production du savoir et surtout de la reconnaissance scientifique en SHS ? En quoi la langue des scientifiques intervient-elle ? Quels sont les sujets et les objets légitimes de connaissance en sociologie ? Comment et sur quels critères scientifiques mesurons-nous et évaluons-nous les produits de la recherche et des enseignements ? Il s’agit également d’interroger les outils de mesure des chercheur.e.s et de leur production (classements des revues, bibliométrie, citations et collaborations scientifiques) qui participent à la construction des carrières, des légitimités et des réseaux scientifiques : qui cite qui ? dans quelles revues, comment et avec quels effets ?

 

 

Dans cet axe, il s’agira donc d’interroger comment le champ universitaire contribue fortement (voire davantage) à classer qu’à reclasser ou déclasser.

 












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